Randonnée Raquettes à neige

Dangers et pièges pour la pratique de la montagne en hiver

L’hiver a ses lois, il faudra avec méthode et esprit critique en déjouer les pièges souvent perfides. Retrouvez ici quelques notions pour vous aider...

Climatologie et nivologie locales

Une zone climatique particulière

© DR

Situées à l’extrême sud de l’arc alpin, les Alpes dites “maritimes” bénéficient d’un enneigement parfois capricieux en début de saison, mais qui est souvent très satisfaisant ensuite, de janvier à mai. La situation géographique de ce massif, compris entre la vallée du Rhône, le golfe de Gênes et la plaine du Pô, lui confère un régime climatique original. Deux types principaux de perturbations apportent de la neige sur notre département : les flux d’ouest et les flux de sud-ouest à sud-est, les autres restant des phénomènes isolés qui ne donnent que des chutes de neige très minimes.

Les flux d’Ouest

Ce sont les perturbations classiques que les présentateurs du bulletin météo annoncent d’un laconique “arrivée par l’ouest d’une nouvelle perturbation”. Ces entrées atlantiques perdent beaucoup de leur vigueur au cours de la traversée de notre pays et les précipitations qu’elles peuvent engendrer sont généralement faibles sur les Alpes du Sud. Ce sont les vallées ouvertes vers l’ouest qui reçoivent le plus de précipitations. Les vallées de la Tinée, de la Vésubie et a fortiori de la Roya, tournées vers la Méditerranée, sont bien souvent épargnées.

Les flux de Sud-Ouest à Sud-Est

Ils sont liés à une arrivée d’air polaire sur l’Espagne. Le contact entre l’air froid arctique, humidifié par son trajet atlantique, et l’air chaud méditerranéen, chargé d’humidité, engendre des dépressions actives, qui vont traverser le bassin méditerranéen. À l’avant de ces dépressions, les flux s’orientent du sud-ouest au sud-est et frappent de plein fouet les Alpes du Sud : le Mercantour se trouve alors en première ligne. D’une durée limitée (1 à 2 jours ou plus si la dépression reste bloquée sur le golfe de Gênes), les précipitations peuvent produire plus d’un mètre de neige sur nos massifs. La fin du mauvais temps se marque par de fortes intempéries sur les vallées italiennes : ce sont alors les périodes de “lombarde” où le vent, traversant la plaine du Pô, s’engouffre dans les différentes vallées italiennes pour donner des bourrasques de neige et remonter jusqu’aux crêtes frontières notamment dans les secteurs d’Isola 2000, du Boréon et de la Madone de Fenestre.

L'enneigement des Alpes-Maritimes

À la fin de l’été, vers la mi-septembre, se produisent les premières chutes de neige sur les hauts sommets. Celles-ci ne durent généralement pas et il faut attendre fin octobre et les mois de novembre et décembre pour que se constitue une première sous-couche impor - tante au-dessus de 2 000 m.

C’est durant les mois de janvier et février que se formera vraiment le manteau neigeux grâce à des chutes plus sérieuses. Cependant nous avons connu de 1988 à 1992 des mois de janvier anticycloniques froids et secs.

Fin mars-début avril, au moment de l’équinoxe, se produisent souvent des chutes abondantes en altitude, suivies par des périodes de mistral. À partir de la mi-avril, la neige est très ramollie et les versants Sud se dégarnissent rapidement alors que les versants Nord restent souvent skiables jusqu’à mi-mai.

Sur le long terme, les Alpes-Maritimes se caractérisent par un enneigement irrégulier : à des années (ou des périodes) de bon enneigement succèdent des années d’enneigement très médiocre. Ainsi certains hivers se sont révélés catastrophiques pour l’économie des hautes vallées (1981, 1992, 1993, 2002), alors que les décennies 60 et 70 avaient été particulièrement favorables.

Il faut dire qu’un léger réchauffement des températures moyennes peut avoir un effet important sur la limite inférieure de l’enneigement. Ainsi on a pu constater qu’au cours des vingt dernières années, cette limite inférieure moyenne d’enneigement était passée de 1500 m à 1800 m.

Les avis divergent quant à la poursuite, voire l’accentuation de ce réchauffement pour les décennies à venir. Mais il suffit de si peu de choses pour modifier sensiblement un climat !

L’enneigement des Alpes-Maritimes

À la fin de l’été, vers la mi-septembre, se produisent les premières chutes de neige sur les hauts sommets. Celles-ci ne durent généralement pas et il faut attendre fin octobre et les mois de novembre et décembre pour que se constitue une première sous-couche importante au-dessus de 2 000 m.

C’est durant les mois de janvier et février que se formera vraiment le manteau neigeux grâce à des chutes plus sérieuses. Cependant nous avons connu de 1988 à 1992 des mois de janvier anticycloniques froids et secs.

Fin mars-début avril, au moment de l’équinoxe, se produisent souvent des chutes abondantes en altitude, suivies par des périodes de mistral.

À partir de la mi-avril, la neige est très ramollie et les versants sud se dégarnissent rapidement alors que les versants Nord restent souvent skiables jusqu’à mi-mai.

Sur le long terme, les Alpes-Maritimes se caractérisent par un enneigement irrégulier : à des années (ou des périodes) de bon enneigement succèdent des années d’enneigement très médiocre. Ainsi certains hivers se sont révélés catastrophiques pour l’économie des hautes vallées (1981, 1992, 1993, 2002), alors que les décennies 60 et 70 avaient été particulièrement favorables.

Il faut dire qu’un léger réchauffement des températures moyennes peut avoir un effet important sur la limite inférieure de l’enneigement. Ainsi on a pu constater qu’au cours des dernières années, cette limite inférieure moyenne d’enneigement était passée de 1 500 m à 1 800 m.

Les avis divergent quant à la poursuite, voire l’accentuation de ce réchauffement pour les décennies à venir. Mais il suffit de si peu de choses pour modifier sensiblement un climat !

Avalanches et qualités de neige

Les avalanches

Avalanches de poudreuse

Elles proviennent d’une accumulation de neige fraîche sur des pentes fortes ; très dangereuses, car une petite vague peut tuer simplement par asphyxie de neige pulvérulente, elles sont aussi redoutables par leur effet de souffle et leur grande rapidité (jusqu’à 400 km/h). Elles peuvent se déclencher par grand froid malgré une croyance tenace qui assimile “avalanche” et “température élevée”.

Avalanches de plaque

C’est l’ennemi n°1 du randonneur (75 % des accidents mortels). Elles se forment lorsqu’une neige à forte cohésion (neige ventée par exemple) repose sur une surface qui ne lui assure pas un bon ancrage (neige croûtée, neige en gobelets). L’avalanche se produit alors au niveau d’une rupture de pente du terrain, là où la résistance de la neige est la plus faible, lors du passage d’un ou plusieurs randonneurs.

Avalanches de neige humide

Fréquentes lors de la fonte printanière, ce sont des avalanches lourdes et puissantes liées à une période de redoux. L’eau de fonte qui s’infiltre diminue la résistance de la couche en supprimant les liens entre les grains et forme une pâte visqueuse de faible cohésion. Celle-ci glisse vers l’aval en formant de grosses boules de neige sale. Ces coulées entraînent souvent toutes les couches sur leur passage et leur densité les rend extrêmement destructrices. Cependant, elles sont localisées dans des couloirs en général bien connus et répertoriés.

© DR

L'échelle des risques

1. Faible

Le manteau neigeux est bien stabilisé dans la plupart des pentes. Seules des coulées ou de petites avalanches peuvent se produire spontanément.

2. Limité

Dans quelques pentes suffisamment raides, le manteau neigeux n’est que modérément stabilisé, ailleurs il est solide. Des départs spontanés d’avalanches de grande ampleur ne sont pas à redouter.

3. Marqué

Dans de nombreuses pentes suffisamment raides, le manteau neigeux n’est que modérément à faiblement stabilisé. Dans certaines situations, quelques départs spontanés d’avalanches de taille moyenne et parfois assez grosse sont possibles.

4. Fort

Le manteau neigeux est faiblement stabilisé dans la plupart des pentes suffisamment raides. Dans certaines situations, de nombreux départs spontanés d’avalanches de taille moyenne et parfois grosse sont à attendre.

5. Très fort

L’instabilité du manteau neigeux est généralisée. De nombreuses et grosses avalanches se produisant spontanément sont à attendre, y compris en terrain peu raide réputé non dangereux. Aujourd’hui, bon nombre d’usagers ramènent la préparation de leur randonnée hivernale à la seule consultation du bulletin météorologique et à l'utilisation du Bulletin d'Estimation des Riques d'Avalanche (BERA) qui donne entre autre le niveau de risque (indice, sur une échelle de 1 à 5).

Les qualités de neige

La neige poudreuse

La neige est formée de petits cristaux hexagonaux en forme d’étoiles qui s’entrelacent pour donner les flocons. Une fois au sol, ceux-ci perdront rapidement la consistance duveteuse et le feutrage qui donnaient cette sensation de flotter littéralement sur les éléments. C’est au coeur de l’hiver le temps de la “poudreuse”, très prisée par les amateurs des différentes disciplines hivernales.

La neige ventée

Après une importante chute de neige, il arrive souvent que le vent souffle violemment (lombarde, mistral). Les étoiles se brisent et subissent le phénomène de “frittage” qui soude les petits cristaux les uns aux autres. Il se forme des surfaces rigides, lissées par le vent. Les fameuses “plaques à vent” s’épaississent dans les zones de dépôt “sous le vent” et le long des crêtes se forment des corniches parfois specta culaires.

La neige croûtée

Fréquente sur les adrets en plein hiver, mais aussi à l’ubac plus tard en saison, la neige croûtée provient de la fonte de la couche superficielle le jour et d’une prise en masse par le gel la nuit. La glace cimente alors cette partie superficielle pour donner une croûte peu épaisse, cartonneuse, qui peut casser sous le poids du randonneur. Enfouie sous une autre couche de neige, elle devient un plan de glissement particulièrement redoutable.

La neige de printemps

Si la température est positive, de l’eau de fonte apparaît et circule dans la couche de neige. La nuit, par effet de recristallisation, les grains s’arrondissent et se soudent entre eux. C’est la “neige de printemps”, ou neige à grains ronds, qui fait le plaisir des skieurs de randonnée, le matin. C’est aussi pour les retardataires la “soupe” des descentes inondées de soleil.

LE MOT DE L’ANENA

L’ASSOCIATION NATIONALE POUR L’ETUDE DE LA NEIGE ET DES AVALANCHES

Que vous soyez, pratiquant amateur ou professionnel de la montagne ce chapitre, à vocation pédagogique, répond à quelques-unes de vos interrogations sur la neige et les avalanches.

Évoquer le risque d’avalanche dans un topo de randonnées à raquettes pourrait sembler exagéré, la pratique étant peu adaptée aux pentes raides, avalancheuses.

Cependant, bien que peu fréquents, les accidents d’avalanche touchent également les raquettistes. En France, on recense ainsi en moyenne cinq personnes emportées par avalanche et deux décès par an dans cette pratique.

Les circonstances dans lesquelles ces accidents ont lieu sont souvent les mêmes et les randonneurs sont « surpris » par l’avalanche, n’ayant pas conscience d’être exposés à ce risque : randonnée sur chemin large, en forêt, sur chemin d’été, etc. 

En témoigne le faible équipement des victimes avec du matériel spécifique de secours en avalanche (DVA, sonde, pelle) : seulement 14% des victimes ensevelies sont équipées d’un DVA (contre 85% en ski de randonnée).

Afin d’éviter toute surprise, certaines conditions doivent cependant pousser à la vigilance : 

  • Lorsque l’itinéraire aborde des pentes raides ;
  • Et lorsque les conditions nivologiques sont défavorables.

Itinéraires à raquettes et pentes avalancheuses

La pratique de la raquette se cantonne habituellement aux itinéraires peu pentus.  Toutefois, une simple coulée dans un talus raide surplombant de quelques mètres une large piste peut déjà avoir des conséquences dramatiques. Le risque est aggravé lorsque la randonnée prend place dans un environnement alpin, composé de pentes raides, avalancheuses.

Dans leur grande majorité, les avalanches se déclenchent à partir de zones inclinées à environ 30°. Ces zones sont qualifiées de « pentes raides » (pour exemple, un mur de piste rouge de ski alpin oscille souvent entre 25 et 30°). 

De fait, le raquettiste est menacé par le danger d’avalanche lorsqu’il évolue sur des itinéraires :

  • Qui passent au pied de pentes raides (à plus ou moins grande distance, selon les conditions nivologiques) ;
  • Qui traversent, sur des portions plates, des pentes raides ;
  • Qui montent ou descendent, directement, dans des pentes raides.

L’inclinaison des pentes rencontrées sur l’itinéraire est donc le facteur principal à prendre en compte avant de s’engager sur un itinéraire.

La vigilance doit également être exacerbée lorsque, dans l’axe de ces pentes raides, à l’aval de l’itinéraire, sont présents certains « pièges de terrain » : arbres, rochers, falaises, ruisseaux, lacs, ravines, trous, etc. Ces pièges sont autant d’obstacles qui pourraient aggraver les conséquences de l’avalanche. 

Sur le modèle de l’Échelle d’Exposition en Terrain Avalancheux développée par Parks Canada, ce topo de randonnées à raquettes propose une cotation « avalanche » des différents itinéraires présentés. Ceux-ci sont classés selon la dangerosité intrinsèque du terrain par rapport au risque d’avalanche. 

Cette analyse se basant uniquement sur une approche du terrain, elle ne prend pas en compte les conditions de neige, qu’il faudra étudier également.

La classification avalanche des terrains, identifiée dans les caractéristiques de l’itinéraire par « Risque avalanche selon conditions » comporte quatre degrés :

  • Sans Risque Avalanche : le risque d’avalanche semble exclu sur ces itinéraires du fait de l’absence de pentes traversées ou dominantes de plus de 30° d’inclinaison.
  • Simple : l’itinéraire traverse ou est dominé par quelques pentes raides ouvertes ou faiblement boisées, sur de courts passages, ou il prend place dans un environnement de forêt très dense. Les pièges de terrain sont limités. Quelques avalanches naturelles peuvent avoir été constatées par le passé.
  • Exigeant : l’itinéraire traverse plusieurs pentes raides ou est dominé par de nombreuses pentes raides, ouvertes ou faiblement boisées, sur de grandes longueurs. En cas d’avalanche, le risque d’ensevelissement profond ou de traumatismes est possible. De nombreuses avalanches naturelles peuvent avoir été constatées par le passé.
  • Complexe : l’itinéraire traverse de très nombreuses pentes raides ou est majoritairement dominé par des pentes raides, ouvertes ou faiblement boisées, sur de très grandes longueurs. En cas d’avalanche, le risque d’ensevelissement profond ou de traumatisme est inévitable. Des avalanches naturelles peuvent avoir été constatées par le passé sur une grande partie de l’itinéraire.

Cette cotation devrait permettre de choisir au mieux son itinéraire selon les conditions nivologiques du moment et son expérience.

A quels moments être vigilant ?

Au cours d’un hiver, les périodes de stabilité et les périodes avalancheuses durent et se succèdent en fonction des conditions météorologiques. Selon le temps qu’il fait et qu’il a fait, il est parfois possible de randonner sereinement mais il faut parfois être vigilant, voire renoncer à certaines randonnées pour en préférer d’autres.

Certaines situations météorologiques aggravent le risque d’avalanche et doivent conduire à plus de vigilance :

  • Situation de neige fraîche : selon les conditions de température et de vent, une nouvelle chute de neige aura tendance à aggraver le danger d’avalanche.
  • Situation de neige ventée : les épisodes de vent, pendant ou après une chute de neige, favorisent la création d’accumulations et de structures de plaques.

Dans ces conditions, deux types de danger peuvent menacer les randonneurs à raquettes :

  • Avalanches naturelles : lorsque l’épisode de neige ou de vent est important, les accumulations de neige peuvent créer des surcharges et les conditions suffisantes pour provoquer la rupture spontanée du manteau neigeux : de larges avalanches peuvent alors se produire naturellement dans les pentes raides et atteindre les zones planes, parfois loin des pieds de pente.
  • Déclenchements de plaques, parfois à distance : la nouvelle couche de neige peut receler, ou créer avec l’ancienne couche, une structure de plaque. Ces plaques peuvent être déclenchées par les randonneurs engagés dans des pentes raides mais également, dans certaines conditions, à partir de zone planes dominées par des pentes raides. Ce type d’avalanche « surprend » les randonneurs à raquettes : la plaque est déclenchée alors même que la victime n’est pas « dans » la pente mais sur une section moins pentue, parfois éloignée.
  • Situation de neige humide : le fort rayonnement solaire (notamment au printemps), la pluie, un redoux conséquent, du vent chaud ont tendance à fragiliser le manteau neigeux par un apport excessif d’eau … puis à le durcir par regel.

Dans ces conditions, deux types de dangers menacent les randonneurs à raquettes :

  • Avalanches et coulées naturelles : l’eau liquide issue de la fonte ou de la pluie imbibe la neige qui perd sa cohésion. Des avalanches peuvent alors se produire naturellement dans des pentes plus ou moins raides et atteindre des zones planes, traverser des chemins, etc. Les écoulements sont alors assez denses et lourds.
  • Risque de glissade sur neige regelée : dès que les températures passent à nouveau sous 0°C et que l’eau liquide contenue dans la neige regèle, le risque d’avalanche devient quasi nul mais les randonneurs à raquettes s’exposent à un autre danger :  celui de glisser sur la « croûte de regel ».

Mieux vaut prévenir …

En terrain alpin, une balade en raquettes ne s’improvise pas. Afin de prévenir au mieux le risque d’avalanche, il est nécessaire d’adopter quelques règles essentielles de sécurité. 

A faire avant la randonnée :

  • Se former à la pratique de la randonnée à raquettes en sécurité et au secours en avalanche.
  • S’informer sur les conditions météorologiques prévues (Météo-France, sites Internet spécialisés, connaissances personnelles, professionnels de la montagne, etc.) 
  • Consulter et analyser le Bulletin d’Estimation du Risque d’Avalanche du massif (bulletin quotidien de décembre à mai). Considérer qu’en risque « fort » (4) et « très fort » (5), des avalanches peuvent atteindre les zones planes. A partir du niveau de risque « marqué » (3), des déclenchements de plaque à distance, à partir de zones peu pentues, sont possibles. Les BRA sont disponibles sur le site de Météo-France.
  • S’assurer de la condition physique, du niveau technique des participants et de l’homogénéité du groupe. Ne jamais partir seul ou en surnombre : un groupe de 3 à 5 personnes est le plus adapté.
  • Préparer le matériel individuel et collectif adapté à l’itinéraire et aux conditions nivo-météorologiques (voir la rubrique « matériel spécifique »).
  • Analyser et choisir un itinéraire adapté aux conditions nivo-météorologiques et au groupe. La carte IGN au 1/25000ème (carte papier ou sur application mobile) reste le meilleur outil pour préparer l’itinéraire et s’orienter sur le terrain, en complément des informations données par les topos de randonnée. 
  • Attention : les sentiers d’été (tracés en fuschia sur les cartes IGN) ne sont pas conçus pour la pratique hivernale et peuvent être dangereux. Les tracés dédiés au ski de randonnée (tracés en bleu sur les cartes IGN) sont parfois approximatifs et ne prennent pas toujours en compte de manière optimale le relief.
  • Communiquer avec le groupe sur l’itinéraire décidé et les éventuelles options (variantes, échappatoires, conditions de renoncement, etc).
  • Signaler à des proches l’itinéraire et l’heure approximative de retour.

A faire sur le parking et au cours de la randonnée :

  • Vérifier la capacité réelle des membres du groupe pour la randonnée prévue.
  • Vérifier le matériel individuel et collectif.
  • Réaliser un contrôle des fonctions d’émission et de réception des détecteurs de victimes d’avalanche (DVA).
  • Estimer et surveiller les conditions nivo-météorologiques réelles et, au besoin, adapter l’itinéraire (variante, options, détours, renoncement, etc.).
  • Progresser à un rythme adapté au groupe et surveiller la tenue de l’horaire.
  • Surveiller l’état de fatigue des membres du groupe et adapter l’itinéraire en cas de besoin. 
  • Respecter le tracé damé des pistes de ski.
  • Ne pas suivre aveuglément des traces existantes qui peuvent mener à une impasse.

A faire aux abords des pentes raides (dès 28-30°) :

  • Estimer localement le risque d’avalanche. Être très vigilant en cas de :
    • avalanches récentes ;
    • fissurations dans le manteau neigeux ;
    • bruits d’effondrement (« whumfs »). 
    • indices de transport de neige par le vent et d’accumulations ;
    • grande quantité de neige fraîche (au-delà de 30 cm).
  • Estimer les conséquences d’une avalanche. Être très vigilant en présence de pièges de terrain à l’aval :
    • arbres, 
    • chaos de rochers, 
    • falaise,
    • trous, dépression, dolines, ravine, 
    • rivière, lac, etc.
  • Progresser de manière adaptée à la situation et si besoin :
    • Imposer des distances entre les membres du groupe
    • Passer un par un
    • Faire un détour
    • Renoncer à passer

La pratique de la randonnée en raquettes et ses dangers

Même sur des parcours à priori anodins, la progression sur neige avec ou sans ses raquettes expose les pratiquants à des dangers particuliers :

  • Les glissades : possibles dès que l’on progresse sur neige dure avec parfois de faibles pentes. Cette situation est classique également sur des sections de parcours très empruntées, selon les circonstances nous trouverons de courtes sections glacées, classiques au droit des ruisseaux mais parfois aussi sous les arbres (la neige fond et tombe au sol très humide).
  • Les corniches : en bordure de crêtes, le vent forme, dès le début de saison ces accumulations qui surplombent le versant abrité. Hormis leur effondrement spontané possible par fort redoux notamment, le principal danger est un effondrement par surcharge lié au passage de personnes. La situation est parfois piégeuse car leur rupture ne se fait pas au droit du terrain d’été mais avec un retrait à l’opposé de la corniche (le plan de rupture est oblique). Les cheminements doivent toujours être précis lorsque ce danger est identifié.
  • Les gouffres : dans plusieurs randonnées décrites dans ce guide, des gouffres sont présents à proximité immédiate du cheminement. Alors que certains gouffres sont « béants » en hiver (danger de corniche en bordure), le principal danger en hiver est lié à des « ponts de neige » qui se forment au-dessus d’entre eux, parfois dans des environnements semi-boisés.
  • La visibilité : ce danger est présent soit les jours de chutes de neige, soit simplement par situation de brouillard. Outre le fait de se doter d’un moyen d’orientation, à minima un téléphone muni d’une appli cartographique, nous vous recommandons la plus grande méfiance dès lors que vous envisagez des itinéraires en terrain ouvert, au-dessus de la limite de la forêt.

Le randonneur qui pratique la raquette à neige hors des circuits balisés peut s’exposer à tous ces types de dangers. 

Pour vous aider, le Département a souhaité associer à la publication de ce guide, l’expertise de l’ANENA, qui œuvre pour une meilleure connaissance de la neige, des avalanches et de la pratique en sécurité de la montagne enneigée. Dans cette sélection d’itinéraires proposée dans le guide Randoxygène Raquette à neige, le randonneur pourra trouver toutes les étapes pour construire sa progression et son expérience dans la pratique de la randonnée hivernale.

Vous pourrez ainsi :

  • Télécharger la trace GPS de chaque parcours,
  • Apprendre à suivre un tracé,
  • Evaluer les conditions le long de l’itinéraire,
  • Repérer les passages nécessitant de la vigilance,
  • Adopter les bons gestes pour anticiper les dangers !

 Attention ! Point de vigilance

Ces informations qui alertent sur des dangers particuliers d’un secteur, doit permettre au randonneur d’adopter une vigilance particulière pour son franchissement voir renoncer.

Dans le guide, certains parcours nécessitent un ou plusieurs points de vigilance qui sont repris

  • Dans le texte sous la forme de « Point de vigilance »,
  • Sur la carte sous la forme de « Pictogramme », qui peut alerter sur un couloir d’avalanche, une pente raide, un risque de neige dure, des corniches...

Pourquoi utiliser les traces GPX proposées ? 

Pour chaque parcours, un soin a été apporté pour choisir précisément un cheminement optimal pour le confort et la sécurité des randonneurs.

Les traces GPS (enregistrées au format GPX) de l’ensemble des itinéraires raquettes sont disponibles sur les pages du site Randoxygène.

L’utilisation des traces GPS proposées vous avantage notamment pour limiter votre exposition aux différents dangers. Sur le terrain, le soin apporté au choix précis du cheminement a été effectué pour optimiser le confort et la sécurité du randonneur en particulier lorsque l’itinéraire évolue :

  • dans des secteurs avec des microreliefs,
  • sur des zones boisées avec des cheminements tortueux,
  • sur des zones en proximité de crête où les enjeux pour limiter les risques liées aux glissades ou aux corniches ont été systématiquement pris en compte.

Un point de précision dans l’expertise des parcours situés en domaine sécurisé :

En période d’ouverture du domaine :

  • une information est donnée par le service des pistes ou le gestionnaire du domaine pour l’accès ou l’interdiction au secteur. Ces informations ne dispensent pas tout randonneur de rester vigilant malgré tout dans sa pratique hivernale ; 
  • la cohabitation avec les autres pratiques impose et recommande un comportement adapté avec :
  • les skieurs alpins : attention aux approches et/ou traversées de piste, le risque de collision est réel, les vitesses des pratiquants raquettes/skieurs étant très différentes. Traversée un par un, ou en très petit groupe, en gardant un œil vers l’amont (ne pas s’engager en une longue ligne coupant la piste !),
  • les skieurs nordiques : attention de ne pas emprunter les pistes damées, même en bordure, sauf cheminements spécifiés. En cas de traversée, passer en ligne en veillant à ne pas piétiner la trace d’alternatif.

Hors des périodes d’ouverture : attention, pas d’information sécuritaire affichées – il est impératif d’analyser préalablement à la sortie l’ensemble des paramètres et informations disponibles sur le secteur (bulletin nivologie, Météo…).

Responsabilité

Le Département et l’ANENA ont mis tout en œuvre pour offrir aux randonneurs une sélection d’itinéraires et d’outils pédagogiques pour faciliter la progression dans le strict respect des règles de sécurité qu’impose la montagne. 

Le randonneur est seul responsable de ses équipements techniques (GPS) et de leur compatibilité avec les traces fournies. Il utilise les traces GPS sous sa seule et entière responsabilité. 

Le milieu naturel évolue de façon permanente et les conditions d’accessibilité et de praticabilité d’un parcours peuvent changer selon les conditions climatiques, les chutes récentes de neige, etc.

Ainsi, la trace doit être utilisée comme un outil d’aide à l’orientation et à la décision mais ne se substitue en aucun cas à l’appréciation et au jugement du randonneur qui reste seul maître de sa sécurité et de ses choix face au terrain.

La responsabilité du Département et de l’ANENA ne pourra en aucun cas être engagée en cas d’accident, même mineur, survenu sur les parcours proposés.

Un long apprentissage

Antidote parfait au stress de la vie moderne, les activités sportives d’hiver dans les espaces naturels connaissent une popularité parallèle au développement du tourisme vert estival.

La gratuité de ces activités ne semble pas être le véritable moteur pour les pratiquants ; c’est plutôt la sensation d’évasion qui les motive réellement. Mais si la liberté symbolise la randonnée hivernale, elle ne signifie pas licence absolue et vertiges d’altitude ! Indéniablement supérieurs aux dangers encourus en été, les risques de la montagne hivernale sont essentiellement liés à la neige, matériau fluctuant qui fait à la fois le charme et l’attrait parfois captieux des parcours à travers les espaces vierges.

Attention ! L’hiver a ses lois, il faudra avec méthode et esprit critique en déjouer les pièges souvent perfides. Combien de pentes attrayantes devront être évitées, combien de projets révisés à la baisse en cours de route, combien d’ascensions reportées ou annulées !

Il faut avant tout admettre qu’en hiver, la nature est bien plus forte qu’en été et que compétence et humilité devront guider les pas de chacun, y compris les mieux entraînés, sous peine de sanctions cruelles.

Avalanches, plaques à vent, tempêtes, redoux sont depuis toujours les ennemis du randonneur qui ne dispose plus en hiver des signes matériels facilitant la progression estivale (sentiers, balisage au sol, signalétique).

Il faudra donc innover, inventer son tracé, s’adapter aux conditions, contourner cette pente suspecte, presser le pas pour être rentré “dans les délais”. C’est là justement une notion “clé”, comme en été sur les crêtes les jours d’orage, comme dans les descentes de canyons : ce respect de l’horaire s’impose en hiver de façon impérative et plus encore au printemps où les courses doivent être achevées de préférence à la mi-journée.

De même on respectera les délais habituels après une chute de neige, la montagne étant plus dangereuse jusqu’à la stabilisation des différentes couches. Méfiance également après les jours de mistral (vent d’Ouest) ou de lombarde (vent de Nord- Est) qui forment des amas de neige instable. Il faut retenir en conclusion que pour sortir des pistes et s’aventurer en altitude, il convient de suivre les conseils des spécialistes et d’acquérir peu à peu une expérience personnelle en s’entourant de garanties sérieuses au niveau de l’encadrement avant de “voler de ses propres ailes”.